VIVRE SON DEUIL ET CROITRE
Extrait
Le processus d'attachement
«Seuls ceux qui évitent l'amour peuvent éviter le chagrin du deuil. L'important est de croître, à travers le deuil et de rester vulnérable à l'amour.»
JOHN BRANTNER
L'attachement est le coeur même de tout travail de deuil. En effet, s'il n'y a pas d'attachement à une personne, à un animal, à une chose, à un but, à un idéal, il n'y a pas vraiment deuil.
L'être humain a besoin d'attachement. John Bowlby, le grand psychologue anglais qui a étudié ce sujet sa vie durant, insiste sur cette caractéristique humaine. Pour lui, ce sont les besoins de sécurité de l'enfant qui l'amènent à investir de l'énergie, de l'amour dans des relations qui deviennent fondamentales pour lui. L'attachement est alors dirigé vers quelques personnes spécifiques, tels les parents, frères, soeurs. Ce sont ceux qui enseignent à l'enfant à établir des liens émotionnels.
Cet attachement existe aussi dans le monde animal. Le jeune mammifère, à mesure qu'il grandit, quitte 1 objet de son attachement pour des périodes de plus en plus longues en s'éloignant géographiquement. Cependant, lorsqu'il a besoin de support ou de sécurité, il revient vers l'objet de son attachement.
Chez les humains, lorsque la relation parent-enfant n'est pas adéquate, rattachement peut être tissé d'anxiété, être très ténu ou absent.
Il se peut que des liens en formation soient rompus trop tôt par la perte de la confiance ou la peur de l'échec. Là, à nouveau, l'attachement ne peut pas avoir lieu.
Cette incapacité à s'attacher peut aussi se produire par absence de stabilité, changements trop fréquents de personne significative, lorsque l'enfant ballotté d'une famille gardienne à une autre, d'un orphelinat à un foyer. Dans ces situations, il y a incapacité à s'attacher ou, en d'autres termes à s'investir affectivement dans la relation.
Les liens humains ont de multiples formes. Ils peuvent être intenses et intimes et par là répondre à toute une série de besoins tels que sécurité, amour, amitié, intégration sociale, se sentir utile et important pour l'autre, avoir un allié ou encore être guidé et soutenu.
Les liens relationnels se construisent dans le temps. Toute l'évolution d'une relation est gardée dans la mémoire sous forme de symboles qui deviennent une sorte d'image intérieure de la relation. Ces symboles sont associés à des sentiments, à des émotions et ces images vont influencer les interactions et les perceptions qu'a la personne de sa relation à l'autre.
Au moment de la séparation, ce sont toutes ces images, tous ces symboles qui vont devenir importants. Dans le phénomène du deuil, de la rupture d'un attachement, on ne pleure pas que le présent, la réalité, mais bien tout ce qui a existé, tout ce qui aurait pu exister et tout ce qui a existé et qu'on regrette, qu'on voudrait modifier si on le pouvait.