JE ME SOUVIENS DU FUTUR
AU COMMENCEMENT ÉTAIT LA LÉGENDE
Une légende raconte que, chaque matin, le roi Salomon avait l'habitude de sortir sur la terrasse de son palais pour observer successivement les quatre horizons.
Un jour il vit venir du nord une colonne de nuée portant un aigle d'une envergure gigantesque.
L'aigle arriva jusqu'à lui et se posa.
Il portait dans son bec deux feuilles dont le roi se saisit et qu'il déchiffra comme un message.
Alors il monta sur le dos de l'aigle qui l'amena vers le ciel. Ils volèrent ainsi toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus loin. Sur leur passage ils cachaient l'éclat du soleil et les contrées qu'ils traversaient étaient plongées dans la pénombre.
Tous le monde s'étonnait de cette brusque et incompréhensible éclipse. Seuls les Sages, regardant le ciel, disaient: «Tiens, voilà le roi Salomon qui passe!» L'aigle et le roi finirent par atterrir sur la montagne, dans les ténèbres. Là, Salomon montra sa bague qui était gravée du nom sacré. L'entrée lui fut donnée. Quand il eut recueilli tout ce qu'il était venu chercher, il repartit pour Jérusalem. Il était rasséréné, et dès lors prononça des paroles sages.
Si la pensée symbolique nous était vraiment familière, si elle était le complément naturel de la pensée rationnelle, se substituant à elle chaque fois que la raison est impuissante avec ses seuls mots à embrasser l'idée, alors je pourrais terminer là mon discours; car ce récit fabuleux et mythique contient en quelques lignes le destin du franc-maçon d'hier et de demain, c'est-à-dire un commencement de réponse à l'homme qui de toute éternité cherche ses racines et regarde vers le ciel. La légende dit en effet que l'aigle de l'intelligence ne peut s'élever vers les hauteurs, que porté par les ailes de la foi et soutenu par les nuées de l'imagination.
Elle dit aussi que même l'éclat du soleil s'éteint devant la lumière de l'initiation, mais qui pourrait le savoir sinon les initiés eux-mêmes?